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PAS DE RECETTE PASSE-PARTOUT POUR TRAITER LES MALADIES RESPIRATOIRES

GÉRARD BOSQUET, VÉTÉRINAIRE DANS LES ARDENNES

Selon les cas de broncho-pneumonies, il est opportun ou pas de traiter un lot de jeunes bovins.

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APPELÉ RÉCEMMENT POUR UN JEUNE VEAU EN DÉTRESSE RESPIRATOIRE avec une hyperthermie de plus de 41°C, je constate que l'ensemble des dix-huit animaux toussent. Un cas classique de « complexe des maladies respiratoires », ainsi nommé pour illustrer que derrière une certaine uniformité des symptômes locaux (toux jetage, augmentation de la fréquence respiratoire, difficultés respiratoires) et généraux (hyperthermie, baisse de l'appétit), il est impossible de les relier à une origine précise. L'appareil respiratoire supérieur est en effet porteur de pasteurelles.

VIRUS ET BACTÉRIES TOUS LES DEUX PRÉSUMÉS COUPABLES

Ainsi tout stress ou agression virale peut entraîner la colonisation de l'appareil plus profond et provoquer l'apparition de symptômes associés. Les virus et les bactéries se partagent donc la responsabilité. S'il s'agit de virus, les antibiotiques ne sont pas indispensables. Mais souvent, les bactéries viennent s'ajouter sur un terrain prédisposé et fragilisé. Ceci complique les décisions à prendre. Que faire face à un ou des cas de bronchopneumonie comme celui-ci ? Traiter uniquement l'animal malade ? Surveiller attentivement plusieurs fois par jour les autres veaux et traiter au coup par coup ? Réaliser un traitement collectif ? Quel type de traitement ? Antibiotique ou non antibiotique ? Quels antibiotiques dans un contexte où l'antibiorésistance fait débat ? Les réponses à ces questions s'inscrivent lors d'une visite des animaux sur site ou dans le cadre de prescription-délivrance hors examen clinique, dans la mesure où le bilan sanitaire et les protocoles de soins ont été définis et datent de moins d'un an.

Dans le cas présent, la prise de température du lot indique que presque la totalité des animaux présente une hyperthermie supérieure à 40°C. Des antibiotiques ont donc été prescrits. Le traitement retenu a été différent dans une autre exploitation où quarante veaux répartis dans plusieurs cases toussaient aussi. La prise de température d'un échantillon représentatif de chaque case indiquait que peu d'animaux étaient en hyperthermie, mais également qu'une majorité mangeait tout à fait normalement. La prescription a donc été de traiter avec des anti-inflammatoires par voie buccale l'ensemble des animaux. De plus, il a été également demandé de surveiller attentivement l'évolution de la maladie.

Dans une autre exploitation similaire à la première, l'éleveur a préféré observer plusieurs fois ses animaux et intervenir ponctuellement. Le temps passé a largement été compensé par un gain économique lié à un moindre recours aux traitements.

BIEN RAISONNER LE RECOURS AUX ANTIBIOTIQUES

Retour à notre premier cas, où a été prescrite une antibiothérapie sur l'ensemble des animaux ou métaphylaxie. Elle consiste à administrer des antibiotiques aux animaux malades mais également aux bovins apparemment sains dans un lot au sein duquel une certaine proportion de bovins est malade. Elle peut être utilisée lorsqu'un nombre élevé d'animaux malades échappe à la détection (40 % à la suite d'un examen clinique réalisé par l'éleveur). La décision a été motivée également par le fait que les problèmes respiratoires sont récurrents dans cette exploitation, liés en particulier à une insuffisance de ventilation. En effet, même si le bâtiment des veaux permet de montrer le savoir-faire en matière de charpente de nos anciens, il n'est pas conforme en terme de ventilation puisqu'aucune entrée ni sortie d'air n'est présente.

Chaque cas est particulier. C'est au tandem vétérinaire-éleveur d'utiliser les moyens les plus appropriés pour être efficace et conserver l'arsenal thérapeutique disponible.

On ne parle pas de « complexe des maladies respiratoires » pour rien. Mais pour illustrer une certaine uniformité des symptômes locaux et généraux, difficiles à relier à une origine précise.

© CHRISTIAN WATIER

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